Les gens vivent‑ils mieux, et la société est‑elle meilleure, dans les pays ayant le plus gros PIB par habitant, fruit d’une plus forte croissance passée ? On peut répondre en utilisant un grand nombre de variables : espérance de vie, accès à l’éducation, pauvreté, inégalités de revenus, inégalités entre les femmes et les hommes, violences et homicides, etc. Pour toutes ces variables, le résultat est sans appel : s’il est vrai que, pour les pays pauvres, une certaine « corrélation positive » existe entre ces critères et le PIB . . . par habitant, en revanche, au‑delà d’un seuil que nous avons dépassé en France depuis les années 1970, elle disparaît. Le « progrès humain » et le « progrès social » tiennent alors à d’autres déterminats et à d’autres politiques que la richesse économique et la croissance.
Jean Gadrey, « Idée reçue: “ La croissance, c’est la prospérité ” », dans Manuel d’économie critique ; Paris : Le Monde diplomatique, 2016 (extr. La Litera información)